MATRA 530 : une restauration complète

 

 

 

Heureux qui comme Félix...

ou la restauration minutieuse d'une Matra 530 LX de 1972 contée par son épouse Véronique.

Châssis : 009557H

Date de 1ère mise en circulation : 07.07.1972

 

Heureux homme car, contrairement à la plupart des restaurateurs de 530, il a eu la chance de ne découvrir sur cet exemplaire que 2 perforations au fond du coffre à bagages.

Tout le reste était parfaitement sain, mais comme Félix n'aime pas faire les choses à moitié, il a tout remis à neuf avec une finition supérieure à celle de sortie de chaîne.

 

 

Venons-en à cette histoire de restauration !

 

Alors qu'il n'était pas encore mon mari, Félix avait acheté un tas de ferraille et quelques morceaux de polyester pour une somme assez modique.  Il m'expliqua à l'époque qu'il s'agissait d'une petite voiture de sport décapotable et originale.  Comme j'étais assez sceptique, il a entreposé toutes les pièces de son puzzle dans le garage de mes parents.

Nous nous sommes mariés et nous avons déménagé 30 kilomètres plus loin, en laissant dormir cet "engin"...  Et nous l'avons oublié pendant 8 ans !

Pendant ces années, nous avons acquis une Citroën traction de 1939 que Félix restaura, et il nous a semblé logique de compléter notre collection par une petite sportive découvrable et sympathique (mais surtout pas une Triumph comme tout le monde).  Mais au fait, nous en avions une...  Et Félix de me montrer une photo d'une Matra 530 LX, c'est-à-dire ce qu'on devait pouvoir obtenir en remettant ensemble tous les morceaux qui encombraient le garage de mes parents.

Le temps de bannir définitivement nos voitures de tous les jours du garage, d'emprunter le plateau d'un copain et les morceaux étaient revenus chez nous.  Nous étions en mai 1991.

Chez nous, c'est un petit village appartenant à la commune où habite aussi André Dewael !  La passion de mon mari était contagieuse et, comme je suis nulle en travaux mécaniques, j'ai commencé à rassembler un maximum de documentation pendant que Félix commençait, lui, les grandes manoeuvres.

Il a d'abord complètement déshabillé le châssis pour l'envoyer chez un copain pour une réparation de soudure (2 trous au fond du coffre à bagages).  Deux semaines plus tard, il le ponçait à nu, le traitait avec un inhibiteur de rouille avant de le repeindre en noir de châssis et de terminer par plusieurs couches de peinture protectrice antigravillons.

    

   

Rencontrant alors André, nous n'avons pas loupé l'occasion qu'il nous renseigna : une épave abandonnée dans une haie près de Verviers.  Un petit tour avec le plateau du même copain et une seconde 530 LX (rongée jusqu'à l'os) venait enrichir notre stock de pièces.

Nous avions à nouveau de l'énergie pour attaquer la remise en marche du moteur.  Je parle de "nous" mais il n'y en a qu'un seul qui travaille dans la graisse, dans le garage plein ouest, pas chauffé et avec les plombs qui sautent tout le temps !

Le V4 Ford fut alors nettoyé puis repeint ; il reçut un lot de nouvelles pièces : joints, durits, alternateur, démarreur, mécanisme d'embrayage, disque et butée.

Félix s'est attaqué alors aux suspensions AV et AR.  Vint ensuite le tour des circuits de freins et d'embrayage.  Du cylindre émetteur au cylindre récepteur, les recettes du Sorcier Lericq vinrent plus d'une fois à son secours.

Le travail est déjà bien avancé fin décembre 1991 mais, en mars 1992, tout est suspendu dans l'attente du maître-cylindre de frein...

       

Les chromes sont maintenant revenus de l'atelier de rechromage de Bruxelles et squattent notre chambre à coucher (il y fait moins humide que dans le garage).

En juin 1992, Félix s'attaque aux sièges et les prépare pour un regarnissage complet.

Dans l'attente, on fait le bilan : le châssis roule, tout nu, pour ses premiers essais sur chemins campagnards avoisinants.

Malheureusement Félix est un peu découragé parce qu'il reste principalement du ponçage, du ponçage et encore du ponçage.  Grâce à mes encouragements soutenus, il a déjà terminé l'arceau-cage.  Tous les éléments de carrosserie seront peints séparément avant remontage.

Visite d'André qui immortalise l'état d'avancement et nous fait rêver à l'utilisation routière que j'attends avec impatience. 

   

   

Après plusieurs semaines de grande polémique, nous avons décidé que notre 530 LX serait rouge Java, sa teinte d'origine.  Nous aimions beaucoup le jaune soleil mais Didier Lericq (alias Monsieur 530) nous a vivement conseillé de suivre les données de départ du constructeur, ce qui fut fait.  Et voilà le résultat !

   

Je ne peux pas terminer le récit de notre restauration sans remercier Didier Lericq pour tous ses précieux conseils, prodigués même en dehors des heures d'ouverture de son garage.  L'esprit d'entraide a trouvé en lui son illustration.

En relisant ce récit, je réalise qu'il n'est nulle part question du temps consacré au remontage proprement dit, aux ajustements, au tri des câblages...  Et pourtant !

 

Matramicalement,

Véronique Six