Evolution et production des modèles

par André Dewael

 

Pour identifier les modèles, il faut d'abord bien distinguer les deux variantes de carrosserie et de châssis : la première génération apparue en 1974 et la deuxième résultant du restylage intervenu au millésime 1977.

 

   La 1ère génération : de 1974 à 1976

 

Le modèle originel de 1974

Bien que présentées en 1973, les premières Bagheera relèvent toutes du millésime 1974 (n° de série à partir de 4 X 100.004).  Les caractéristiques du modèle originel étant détaillées dans le sujet précédent, voici un condensé destiné à l'identification de ce qui sera le modèle de base jusqu'en 1976 :

- motorisation unique de 1 294 cm³ (84 ch DIN à 6 000 tr/m) autorisant une vitesse de pointe de 185 km/h (grâce à un poids de 930kg et un CX de 0,33),

- garnissage intérieur en tissu mousse (avec boucles métalliques en 1974) en une harmonie de 2 tons, siège conducteur au dossier fixe (fait d'une seule coquille),

- vitrage blanc (teinté en option), vitres latérales manuelles (électriques en option à partir de 1975),

- jantes alu de 5,5 J 13 (unicolores, avec cabochons coniques en plastique chromé),

- pneumatiques AV : Michelin XAS 155 HR 13 - pneumatiques AR : Michelin XAS 185 HR 13,

- à l'avant : monogramme Bagheera autocollant apposé sur la partie supérieure droite du fin pare-choc noir mat,

- à l'arrière, trois identifications ont été successivement apposées : du simple monogramme (identique à celui de l'avant) collé à droite, au sigle MATRA-SIMCA en plastique (lettres chromées sur fond noir) placé au centre du bandeau arrière, suivi d'une troisième : le sigle MATRA-SIMCA de même conception auquel est ajouté le nom Bagheera en caractères plus petits.

 

 

La Courrèges apparue en 1975

    

Au millésime 1975 (à partir du n° de série 5 X 112.001), Matra ajoute un modèle exclusif : celui du grand couturier André Courrèges.  En 1974, ce dernier avait déjà  présenté sa vision de la Bagheera.  Cette vision très "tendance" devient un modèle de raffinement par sa finition spécifique luxueuse.  La couleur blanche - symbolique pour André Courrèges - est omniprésente (la peinture est d'un blanc satiné spécifique) : on la retrouve dans l'habitacle dont les sièges sont recouverts de simili.  Le tableau de bord est recouvert de simili "gold", sans doute pour éviter des reflets blancs dans le pare-brise, lesquels nuiraient à la visibilité, le volant ainsi que les garnissages de portière sont du même ton.

La cylindrée est de 1 294 cm² en 1975. On en produira 211 exemplaires. En 1976, elle passe à 1442 cm³ au moment où apparaît le modèle S.  On en produira 169 exemplaires. Tout en connaissant un succès tout particulièrement auprès des dames éprises d'originalité, elle restera une version confidentielle en raison de son exclusivité.

C'est à partir de 1975 qu'un bavolet arrière est ajouté aux deux modèles (l'originel et la Courrèges) pour dissimuler le silencieux d'échappement et que le dossier du siège conducteur est désormais inclinable.

   

 

La Bagheera S apparue en 1976

Au millésime 1976 (à partir du n° de série 6 X 300.001), apparaît un troisième modèle : la Bagheera S.       

Après les études avortées de motorisations plus puissantes, Matra fait évoluer immédiatement la Bagheera en empruntant le moteur 1442 cm³ récemment apparu sur les Simca 1308 GT. Equipé par Matra de deux carburateurs double-corps, il développe 90 ch DIN à 5.800 tr/mn et procure un surcroît d'agrément grâce à son meilleur couple autorisant de meilleures reprises.  La vitesse de pointe s'établit à 190 km/h. La Bagheera reste économe en carburant grâce à son poids à peine augmenté et à son aérodynamisme remarquable.  C'est un excellent argument en pleine crise pétrolière. La Bagheera a toujours jouit d'une excellente réputation en matière de consommation, quelle que soit l'utilisation, grâce à sa "courbe plate"...

Ce modèle baptisé "S" se distingue extérieurement par la fausse extraction d'air sous le capot avant ici peinte en noir mat, même traitement pour les patchs latéraux en alu et adjonction sur l'aile arrière gauche d'un monogramme "Bagheera" noir suivi d'un sigle métallique "S"; ce même sigle est apposé au centre de la face avant du véhicule, entre le pare-chocs et la fausse extraction d'air noire. Les jantes qui lui sont réservées représentent une évolution du design précédent : les alvéoles sont désormais peintes en noir mat, donnant un heureux effet en trompe l'oeil. Un deuxième rétroviseur de type "obus" noir est monté côté droit.

Intérieurement, le garnissage est revu : on voit apparaître un tissu tweed du plus bel effet, certes moins original ou futuriste que le tissu mousse originel, mais très confortable et endurant. L'ambiance "cocoon" règne toujours à bord. Comme sur la Courrèges, on apprécie la présence d'équipements supplémentaires comme le repose-pieds réglable pour les passagers, la console centrale, les vitres électriques et le toit ouvrant (proposé en option).  Il s'agit d'un modèle Britax, coulissant et souple.

 

Au bilan de cette première génération, on totalisera 25 476 exemplaires dont 380 modèles Courrèges.

 

   La 2e génération : de 1977 à 1980

Elle consiste en un restylage du modèle avec quelques modifications au niveau du châssis. Tous les éléments de carrosserie se voient modifiés, parfois imperceptiblement.  Faute d'évolution mécanique chez Simca, Matra se voit contrait de reconduire les mêmes motorisations. L'aérodynamique se voyant légèrement pénalisée (le Cx passant de 0,33 à 0,35) et le poids légèrement augmenté, les performances régressent théoriquement...    

Cette deuxième génération se distingue extérieurement par de gros pare-chocs enveloppants et une vitre de custode agrandie, supprimant ainsi les patchs latéraux en alu, et améliorant la visibilité de 3/4 arrière. Hormis la Courrèges, l'identification des modèles se fait à l'aide de monogrammes stylisés autocollants.

 

La Courrèges modifiée en 1977

Lors du restylage, la couleur du garnissage intérieur est modifiée : le blanc fait place à la couleur "gold" déjà choisie pour le tableau de bord.  Hormis ce changement de ton, la présentation intérieure ne change pas. 

Extérieurement, la teinte "blanc Courrèges" ne change pas et le principe décoratif reste le même : les nouveaux pare-chocs enveloppants sont peints dans le même ton, de même que les nouveaux rétroviseurs.  Pour les jantes, l'ancien modèle apparu en 1973 sera conservé jusqu'à la fin de sa production, contrairement au modèle S où l'on a remarqué une évolution de type de jantes alu, devenues bicolores.  Ce modèle Courrèges restylé ne sera produit qu'au millésime 1977 à raison de 260 exemplaires.  Il sera remplacé en haut de gamme par la Bagheera X au millésime 1978.

Au millésime 1977 (à partir du n° de série 7 X 100.001), la gamme comprend le modèle "normal", le modèle "S" et le modèle "Courrèges".

 

 

La Bagheera X apparue en 1978

 

Au millésime 1978 (à partir du n° de série 8 X 100.001), le modèle X remplace la Courrèges comme haut de gamme luxueux. Son style évoluera pendant les trois années de sa production. La Bagheera X hérite de la mécanique la plus puissante (celle de la S) et se caractérise essentiellement par son décor. A l'extérieur, des filets décoratifs sont apposés le long de la ligne de caisse ainsi que sur les pare-chocs.  En 1978, les décors latéraux comprennent le nom "Bagheera" inscrit sur les ailes arrière. En 1979, la décoration se limite aux pare-chocs qui seront munis de butoirs en caoutchouc. Les teintes sont exclusives : black metal et silver metal.  Le garnissage intérieur est particulièrement original et soigné. En 1978, c'est une harmonie de velours uni et d'appliques en liège collées. En 1979, le liège est abandonné et, comme les deux autres modèles de la gamme, les sièges sont redessinés, de même que le tableau de bord (radio horizontale). En 1980, elle évoluera encore sur le plan esthétique avant de tirer sa révérence : peinture bicolore (rouge et noir) ou métallisée, nouveau garnissage intérieur, clenches de portières façon Rancho.

En 1978 et 1979, la gamme comprend donc le modèle "normal", le modèle "S "et le modèle "X".

 

 

Le nouveau tableau de bord apparu en 1979

Au millésime 1979 (à partir du n° de série 9 X 100.001), le tableau de bord est modifié de manière à positionner la radio horizontalement, les commandes de climatiseur sont disposées sur le même plan que le combiné. C'est un fait marquant de l'évolution du modèle qui arrive en fin de carrière.

Tout en conservant les matières de garnissage intérieur, le dessin des sièges évolue. Le siège central se voit doté d'une ceinture de sécurité à 3 points ; elle n'est donc non plus seulement ventrale. Un volant noir d'un nouveau style mais toujours avec méplat apparaît. C'est celui-là même qui sera repris sur les Murena. L'ambiance à bord évolue donc particulièrement cette année-là...

En avril 1979, sort une série spéciale "Jubilé" comme sur toute la gamme Simca-Chrysler qui célèbre son deuxième trophée de "voiture de l'année" avec l'Horizon en 1978 après les 1307-1308 en 1975.  Sur base du modèle "S", la "Jubilé" se voit octroyer un équipement généreux.  Dotée du toit ouvrant, elle se distingue à l'intérieur par du simili noir au tableau de bord, à l'extérieur par 4 teintes attribuées parmi celles du catalogue, ainsi que d'un sigle "Jubilé" en plastique sur le bandeau arrière, côté gauche.  Voici l'appariement des coloris :

Silver metal T.O. gris, velours gris
Vert Scot
T.O. noir, velours vert
Black metal
T.O. noir, velours parchemin
Rouge laser
T.O. noir, velours gris

 

 

Les dernières Bagheera en 1980

Chez Matra, on aura été jusqu'au bout de manière à faire évoluer ce qui pouvait l'être malgré les contraintes du partenaire devenu le groupe P.S.A. (pas de moteur 1600 cm³ ni de boîte 5 vitesses). Pour finir sa carrière en beauté, la Bagheera du millésime 1980 se voit dotée de nouvelles portières dont les poignées sont héritées de la Rancho, ce qui implique une modification des ailes arrière par la disparition du creux permettant l'accès au bouton-poussoir.  Le galbe intérieur de ces portières est réétudié afin d'améliorer la largeur aux coudes : les accoudoirs sont intégrés aux panneaux de garnissage.  Les sièges dont le dessin se rapproche de plus en plus de celui de la future Murena, conservent le tissu écossais sur le modèle "N", tandis qu'un nouveau tweed recouvre ceux du modèle X.  Ce modèle X se décline en deux variantes de coloris de carrosserie : bicolore rouge et noir ou uni (teinte métallisée). 

Pour le millésime 1980 (à partir du n° de série AX 550.001), la gamme ne comprend donc plus que le modèle de base et le modèle "X", le modèle "S" ayant disparu. La production sera arrêtée en avril 1980.

Matra ayant mis au point une chaîne de galvanisation à chaud des châssis, les nouvelles pièces de rechange en tôlerie seront désormais livrées galvanisées.  Et des châssis galvanisés destinés à l'après-vente (en cas de sinistre total) seront longtemps stockés à l'air libre, d'abord chez Matra à Romorantin puis chez Delcourt à Argenteuil jusqu'à ce que des passionnés les achètent pour reconstruire leur véhicule de collection en partant de zéro !

 

Au bilan de cette deuxième génération, on totalisera 22 320 exemplaires dont 260 modèles Courrèges (soit 640 au total) et 1 209 modèles Jubilé pour citer les plus rares.

 

 

La production annuelle des Bagheera tous modèles confondus s'établit comme suit :

1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979
1980
Total
4 337
11 266
7 319
7 326
8 034
5 881
3 273
360
47 796