Bagheera's check-up

par Didier Deffrasnes

 

La plupart d'entre-vous savent que les châssis de Bagheera sont fréquemment attaqués par la rouille. Que vous soyez déjà propriétaire ou acheteur potentiel, il est intéressant de connaître les points à vérifier pour juger de l'état d'un de ces véhicules.

   

Comme vous le savez, la carrosserie de la Bagheera est en polyester. Ce choix a été dicté pour limiter les coûts d'outillage et pour faciliter les restylages durant la vie du produit. Le polyester n'étant pas sujet à la corrosion, la carrosserie vieillit assez bien tant qu'il n'y a pas d'accident. Par contre, un bel aspect extérieur ne garantit pas une voiture en bon état car sous la carrosserie, nous retrouvons une coque métallique réalisée par soudage d'éléments en tôle emboutie (voir croquis et photo). Pour des raisons d'économie, certains de ces éléments proviennent même de la Simca 1100 (longerons AV, par exemple). Afin d'augmenter la raideur de l'ensemble, il y a de nombreux corps creux qui sont souvent des nids d'humidité et qui peuvent entraîner une corrosion interne. Dans ce cas, elle n'apparaît que lorsque la pièce est percée.

 

Les points noirs à surveiller

1. Longerons avant

Ces pièces sont évidemment vitales pour la structure. La corrosion peut se trouver sous les longerons, notamment à la fixation de la barre stabilisatrice. Le démontage de chacun des paliers est la meilleure façon de contrôler et vous pouvez en profiter pour changer les silentblocs qui sont souvent usés.

Pour réparer la section, Delcourt propose des éléments de longerons à superposer pour renforcer ceux d'origine au niveau de la fixation de la barre stabilisatrice.

L'autre point sensible est la tôle verticale sous le trou de passage de la crémaillère, visible en démontant la roue et en nettoyant la boue accumulée.

   

 

2. Base de la baie de pare-brise.

Cette zone est peu visible avec l'ensemble polyester avant en place. Lorsque la corrosion est bien avancée, l'eau s'infiltre dans l'habitacle, certains pensent parfois qu'il s'agit d'un décollement du pare-brise. Seule la dépose de la partie avant de la carrosserie vous indiquera l'état réel de cette corrosion.

Si la réparation n'est pas faite rapidement, la tôle intérieure est attaquée et l'eau descend dans le pied de porte. A l'extrême limite, la base du montant de pare-brise peut se désolidariser du reste de la coque !

       

 

3. Pied de porte

Lorsque l'eau est descendue dans le pied de porte, il commence à se percer en commençant par le bas. Cela peut entraîner un jeu vertical dans les portières lors de l'ouverture. Pour voir le bas du montant, il est nécessaire d'enlever le bas de caisse. Cette corrosion peut également affecter le côté gauche.

   

 

4. Montants de pare-brise

Corrosion provenant de l'intérieur du caisson, elle est plus facilement visible en enlevant la baguette chromée.

On constate presque chaque fois une corrosion aux joints supérieurs latéraux, là où l'élément en acier rencontre l'élément en polyester du toit. A l'origine, ce joint est dissimulé par un jonc chromé. Souvent on voit un joint mastic noir de camouflage.

 

5. Traverse arrière

La traverse peut se découper le long du longeron ; de même, les obturateurs latéraux peuvent se percer et avoir perdu leur étanchéité. Dans les deux cas, on se retrouve sans ouverture des phares car la traverse sert de réservoir de dépression. Seul l'obturateur peut être réparé. Sur une voiture très endommagée, la coque peut être découpée autour de la traverse. De ce fait, il n'y a plus de fixation extérieure pour les bras de suspension AR.

 

6. Caisson de bas de caisse

La doublure de longeron est souvent découpée, cela se voit mieux en enlevant les bas de caisse en polyester, mais l'absence de la tôle qui vient pincer ces derniers dans le bas est déjà un indice. En regardant sous la voiture, il est conseillé de vérifier également la partie inférieure qui est quelquefois attaquée, ainsi que la zone le long de la glissière gauche du siège conducteur. Les caissons extérieurs participent à la rigidité de la coque.

       

 

7. Montants arrière

Cette zone n'est visible qu'après démontage de la carrosserie. Un tampon de mousse a été inséré entre le châssis et le polyester, ce tampon retient l'eau et entraîne parfois des perforations.

 

8. Cadre de vitres de custode

Cette zone peut être contrôlée au toucher après nettoyage au jet, mais attention aux doigts s'il y a de la dentelle !

   

 

9. Support de batterie

Surexposé à l'humidité malgré le carénage inférieur en polyester, il subit une forte corrosion. Cette pièce étant boulonnée, elle est facile à remplacer.

 

10. Passage de roue avant

Un sabot en alu riveté dans le caisson sert à protéger l'avant du bas de caisse, mais les Bagheera qui le possèdent encore deviennent rares. Une fois parti, les dégâts peuvent être importants.

 

11. Tôlerie de doublure latérale du coffre

Ce point est à priori spécifique aux véhicules de 1977 à 1980 et doit être repérable en sondant l'intérieur du coffre, à condition d'enlever la moquette.

 

 

Conclusions

Rassurez-vous, certains châssis sont encore en état. Si le vôtre est dans ce cas, protégez-le bien en injectant une cire anti-corrosion dans tous les corps creux.

Pour certains, la restauration ressemble à une reconstruction : ils démontent tout, réparent le châssis, le font sabler et métalliser avant tout remontage. A ces seules conditions, la restauration est durable à très long terme.

En tous cas, n'en veuillez pas à Matra car le problème est commun à beaucoup d'autres modèles de la même époque. Heureusement, la technique a fait de gros progrès et Matra a été le premier à produire un véhicule de série à châssis galvanisé à chaud : la Murena, comme quoi Matra a parfaitement tiré les leçons du passé.